DA UNA CREPA
per O.L.
mi scrivo tra le
crepe, nei nodi
del legno, nella
polvere sotto il tappeto:
il buio, che aspetta
d’entrare, s’aggruma
d’occhiaie.
*
come su foglio
accartocciato
che si liscia
resta il
segno
crepa
a coloraci
l’inchiostro.
(noi ci imbeviamo
d’infiniti spigoli.)
*
mi si vede solo
in controluce,
materia come
chiara d’uovo,
patina gocciolata
dalla crepa:
un alfabeto braille
d’ossa che vogliono
uscire.
*
e la schiena si
crepa, astuccio
di semi
che spingono,
che s’aprono in rami,
cespuglio di dita
che mai giunge a toccare,
che taglia l’aria d’unghia.
Elisa Biagini
Texte inédit pour Terres de femmes (D.R.)
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Ph., G.AdC
D’UNE FISSURE
je m’écris d’entre les
fissures, d’entre les nœuds
du bois, dans
la poussière sous le tapis :
l’obscurité, qui attend
d’entrer, s’engrumèle
de cernes
*
comme sur une feuille
recroquevillée
que l’on lisse
reste la
trace
fissure
à colorer
notre encre.
(nous nous imprégnons
d’arêtes infinies.)
*
on me voit seulement
à contre-jour,
matière semblable
au blanc d’oeuf,
enduit dégoulinant
de la fissure :
un alphabet braille
d’os qui veulent
s’évader.
*
et le dos se
fissure, gousse
de semences
qui poussent,
qui s’ouvrent en branches,
buisson de doigts
qui ne parvient jamais à toucher,
qui taille l’air de ses ongles.
Traduction inédite d’Angèle Paoli
Notes d’AP : 1. Ces vers d'Elisa Biagini (et la traduction ci-dessus) ont servi de support à une composition musicale de Marta Gentilucci, créée à l’ircam-Centre Pompidou le 2 juin 2012.
2. Le recueil Da una crepa a paru chez Einaudi en avril 2014. Depuis lors a paru en 2017 aux éditions Cadastre8zéro une traduction française, sous le titre Depuis une fissure.
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