| 115. Márcia Marques-Rambourg | 116. Albertine Benedetto |
BALTIQUE Soudain la neige est bleue Ph. Stéphane Dugast Source à Chantal et Gilles De la fenêtre le lac Immobile mais vivant Sous la poussée du vent On croirait des troupeaux Lâchés sur un miroir Nous longeons la folle clairière Trois pies remettent le monde À l’endroit d’un trait net Attendre la saison Où les eaux s’ébrouent De leur torpeur muette Quand la glace craque et se fend Dans un chahut d’arêtes où la lumière prend Attendre ce remuement Des eaux vives qui triomphent du poids Par saccades renversements Brisures cristallines sous le vent Comme une forme d’espoir Que quelque chose vient Dans le regard de glace D’un homme chaviré Un rai de jaune à ras de terre Des craquements travaillent le lac Fouillis d’oiseaux à travers branches Une nuit suffit à recouvrir Ces éclosions Neiges et laines à nouveau le paysage Est une partition aveugle Jouée toute en blancheur Le lac s’absorbe Dans le mutisme de ses eaux Les chemins estompent leurs traces Angles et pointes escamotés On marche dans cette étendue D’étoupe et d’ouate C’est comme un tableau Fragmenté En bandes et masses compactes Ou bien un livre d’images anciennes Des contes du grand Nord Un lièvre immobile oreilles dressées Nous regarde Soudain la neige est bleue Et c’est le soir 25 février 2017 Albertine Benedetto D.R. Texte inédit Albertine Benedetto pour Terres de femmes |