| 107. Marianne Costa | 108. Isabelle Bancel | 109. Martine – Gabrielle Konorski |
Source BLANC Je n’arrive plus à écrire, mon ami, mon frère. Je vais peut-être mourir, comme une bête, car le verbe était mon garant, le vrai témoin de mon rang. J’ai lu ce soir les poèmes grecs, qu’une sorcière a traduits pour oublier son sort. Nossis, Pindare, Sappho, Callimaque, Empédocle, Oppien, Denys... amoureux de leur reflet, Narcisses, j’ai lu ce soir des poèmes de femmes, délicats, gercés, effilochés, en vrille, mauvais, j’ai retrouvé Marceline, si douce, mais je n’arrive plus à écrire, mon ami, mon frère. Je perds mon sang, je perds ma vue, mon chemin mes forces. Je vais mourir, comme une bête, mon ami mon frère, Car le verbe était mon garant, Et ce soir tout est blanc. Isabelle Bancel, Chroniques de l’aigle texte inédit pour Terres de femmes (D.R.) |